vendredi 5 novembre 2010

BILAN - PROJET - OBJECTIF - CO2

23 000 tonnes équivalent CO2émises en 2009. L’équivalent de 11 500 allers-retours Paris-New-York par an. Le chiffre fait mal. Comment dès lors parvenir à le diminuer ? Cela a fait l’objet d’un brainstorming de deux heures avec Altadev.


clic.1278521982.jpg Les émissions induites par les lecteurs (94,55 % du bilan), sont les premières à être analysées. Rien que le matériel des internautes du Monde Interactif représente 19 092 t éq CO2 ! Comment agir alors qu’on ne maîtrise pas ce paramètre ? C’est la question la plus délicate. “Nous nous retrouvons dans une situation schizophrénique, lance Charlotte Billot, directrice marketing. Notre but est d’augmenter notre nombre de lecteurs et, vous, vous nous demandez de diminuer leur part dans nos émissions de CO2 !” “L’objectif n’est pas dire :‘vous devez arrêter votre activité’, répond Jérôme Soistier, président d’Altadev. Mais de prendre un indicateur indépendant des éléments structurels de croissance comme une page vue et de travailler dessus. Ce qui est intéressant dans votre bilan carbone, c’est que vous pouvez intervenir sur l’extérieur. Il faut en profiter.”
Dans ses recommendations, Altadev propose en effet de “conseiller les lecteurs sur les économies d’énergie (via calculateur en ligne, serious game…), de leur apporter des recommandations sur le choix de matériel (neuf ou d’occasion), la durée d’utilisation et la revalorisation des produits”. Des idées qui sont difficilement applicables pour Célia Mériguet, rédactrice en chef au Monde.fr : “Nous pouvons avoir une démarche d’information mais pas de prescription. Ce n’est pas ce que les lecteurs attendent de nous. En revanche, nous pourrions aborder plus largement les thématiques environnementales : par exemple, les nouvelles technologies sont très rarement traitées sous cet angle. Nous pourrions également envisager un blog des bonnes pratiques 
écologiques.”


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La discussion s’engage autour de cette idée. Chacun donne son avis. Autant la première réunion de présentation des résultats a été poussive, autant cette seconde réunion est animée. Les idées surgissent, sont débattues, enrichies avant d’être arbitrées. Vient le tour du bouton “imprimer”, proposé sur la page article. A lui seul, en 2009, il représente 80 tonnes éq CO2, soit l’équivalent de 300 000 kilomètres réalisés par une Twingo essence (et non 300, comme indiqué précédemment par erreur).
 
Si certains auraient bien voulu en profiter pour signer son arrêt de mort, il a finalement été imaginé d’aposer un message en haut de la fenêtre pop-up qui s’ouvre. Pour réduire la place occupée lors de l’impression, le logo a également été réduit, la police transformée et des éléments supprimés. Voilà ce que ça donne :
 
Si Jérôme Soistier reconnaît que nous ne maîtrisons pas le paramètre “lecteurs”, il propose d’envisager une compensation de leurs émissions de CO2. Cela consiste à “financer un projet de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou de séquestration du carbone : énergie renouvelable, efficacité énergétique ou de reboisement, qui permettra de réduire, dans un autre lieu, un même volume de gaz à effet de serre”, explique l’Ademe sur un site dédié.
“Par exemple, on peut imaginer que dans un jeu-concours qui fasse gagner un voyage, la compensation carbone du voyage soit comprise”, avance Jérôme Soistier. Une idée qui enthousiasme Charlotte Billot, qui imagine déjà des déclinaisons marketing. Sophie Gérion, responsable comptable, est plus sceptique : “J’ai vu une émission là-dessus qui disait qu’il y a pas mal d’arnaques dans ce domaine.” Le sujet fait en effet débat, comme l’explique cet article de Terra Eco. Jérôme Soistier entend l’argument : “Mieux vaut s’adosser à des programmes qui existent déjà. Nous pourrons vous en conseiller.”
Une réflexion est aussi engagée sur le poste “achat d’informations”, qui représente près de la moitié des émissions du bilan carbone hors lecteurs (536 t éq CO2). En cause notamment les dépêches d’agence (AFP, Reuters ou AP), disponibles pour les journalistes en interne mais aussi sur le site. “On va de plus en plus vers la personnalisation de l’information, intevient Célia Mériguet.Ca me semble difficile de réduire ce volume.” “On peut quand même regarder à quoi ça correspond et voir si on peut un peu rationnaliser tout ça”, ajoute Charlotte Billot.
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Autre poste important d’émissions : les serveurs informatiques. Avec 210 t éq CO2, Akamaï, une société à qui nous achetons de la bande passante et qui nous permet de gérer les aléas du trafic, arrive en tête. “Le fait d’externaliser est déjà un très bon choix”, commente Jérôme Soistier. “D’autant que cette société communique aussi sur ses résultats en matière énergétique”, précise Arnaud Guérin. Concernant nos propres serveurs, certains aménagements pourraient être faits, notamment dans le data-center de Vitry-sur-Seine, reconnaît Olivier Dupuis, responsable “architecture” du site.
Jérôme Soistier pose aussi la question de la virtualisation des serveurs, une solution qui permet de mutualiser plusieurs serveurs sur une même machine pour libérer des ressources. Autre idée : le cloud-computingqui consiste à utiliser des capacités de stockage et de calcul en ligne. Face à ces propositions, Olivier Dupuis se montre plus réservé. “Ce serait effectivement possible mais c’est un autre savoir-faire. C’est à l’étude.”
dechet.1278698084.jpg“Il faut maintenant que les critères environnementaux rentrent dans la mesure du possible dans vos choix de fournisseurs”, ajoute Jérôme Soistier. Idem pour le choix du matériel. Quant à la fin de vie des machines, Altadev nous encourage à s’assurer qu’elles trouvent bien une seconde en vie. Ce qui est fait la plupart du temps, via des dons aux associations.
Les déplacements domicile-travailsont aussi passés à la loupe. Il est proposé d’encourager les salariés à venir en vélo via une subvention Vélib. Concernant les transports en commun, Sophie Gérion rappelle que le remboursement de la carte orange se fait pour tous les salariés sur la base de quatre zones. “Et le co-voiturage, ça vous semble jouable ?”, interroge Jérôme Soistier.


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Dernier poste abordé : le bâtiment. Nous occupons un étage de l’immeuble du 80 bd Blanqui à Paris. Comme le montre le graphique ci-dessus, la consommation énergétique y est vraiment mauvaise. “Ca mérite qu’on s’y penche, souligne Arnaud Guérin. Il faudrait déjà commencer par un audit thermique et par installer des sous-compteurs.Et quand on part du G, on ne peut que progresser !
Résultats : pas mal de pistes d’action sont dégagées. De l’avis de tous, la réunion a été fructueuse. “J’ai trouvé qu’il y avait une implication forte de l’équipe,analyse Jérôme Soistier. On sent que les salariés se sont emparés du projet.” Reste maintenant à convaincre la direction.

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